Neuvième festival Ô mots des flamands roses

Édito

Hétérocratie, transphobie, patriarcat, racisme, classisme… La société dans laquelle nous vivons est un monde fait par les dominants, pour les dominants.

Et pourtant, il ne faudrait pas dire, il faudrait réagir gentiment, faire comme si les oppressions étaient inexistantes ou renversables. Parce que notre société est universaliste, elle voudrait nous faire croire que nous sommes touTEs identiques et égaux/égales. Ce n’est pas le cas.

Dans ce contexte, nous avons eu envie de ressortir ce texte écrit par Christiane Rochefort et de vous le faire partager. Bonne lecture et bon festival à touTEs !

Définition de l’opprimé

Il est hors de question que l’oppresseur aille comprendre de lui-même qu’il opprime, puisque ça ne le fait pas souffrir : mettez-vous à sa place. Ce n’est pas son chemin. Le lui expliquer est sans utilité. L’oppresseur n’entend pas ce que dit son opprimé comme un langage mais comme un bruit. C’est dans la définition de l’oppression.

En particulier, les « plaintes » de l’opprimé sont sans effet, car naturelles. Pour l’oppresseur il n’y a pas oppression, forcément, mais un fait de nature.

Aussi est-il vain de se poser comme victime : on ne fait par là qu’entériner un fait de nature, que s’inscrire dans le décor planté par l’oppresseur. L’oppresseur qui fait le louable effort d’écouter (libéral intellectuel) n’entend pas mieux. Car même lorsque les mots sont communs, les connotations sont radicalement différentes. C’est ainsi que de nombreux mots ont pour l’oppresseur une connotation-jouissance, et pour l’opprimé une connotation-souffrance. Ou : divertissement-corvée. Ou : loisir-travail, etc. Allez donc causer sur ces bases.

C’est ainsi que la générale réaction de l’oppresseur qui a « écouté » son opprimé est, en gros : mais de quoi diable se plaint-il ? Tout ça, c’est épatant.

Au niveau de l’explication, c’est tout à fait sans espoir. Quand l’opprimé se rend compte de ça, il sort les couteaux. Là on comprend qu’il y a quelque chose qui ne va pas. Pas avant.

Le couteau est la seule façon de se définir comme opprimé. La seule communication audible. Peu importent le caractère, la personnalité, les mobiles actuels de l’opprimé. C’est le premier pas réel hors du cercle. C’est nécessaire.

Christiane Rochefort

Lieux

J’en Suis J’y Reste, centre Lesbien, Gay, Bi, Trans, Queer, Intersexe et Féministe : 19, rue de Condé, Métro Porte d’Arras.

Centre Culturel Libertaire : 4, rue de Colmar, Métro Porte des postes

Infokiosque

Sur toute la durée du festival, au J’en Suis J’y Reste

Sur toute la durée du festival, lors de la plupart des soirées et ateliers, seront disponibles à prix libre (tu donnes ce que tu veux/peux) des brochures, fanzines, livres et badges… L’idée étant de diffuser informations et réflexions en utilisant des supports peu onéreux (qui coûtent le prix des photocopies), dans le but de les rendre accessibles à touTEs.

Vente de livres auto-édités

Sur toute la durée du festival, au J’en Suis J’y Reste

Venez découvrir des livres autoédités écrits par des transpédegouines :

S’lame de fond, recueil de slam féministe écrit par des transpédégouines.

Éclats de voix, recueil de slam écrit par des lesbiennes et des femmes.

Pas tout à fait des hommes, roman de fantasy à tendance transpédégouine.

Une autobiographie transsexuelle (avec des vampires), roman fantastique vampirico-gouino-trans avec des motos.

Exposition

Sur toute la durée du festival, au J’en Suis J’y Reste

Exposition de portraits peints par Rose Butch, une gouine peintre qui vit à Lille, entourée d’un troupeau de chats. Dans son travail, elle a décidé de partir d’elle-même et de s’imprégner de ce que d’autres gouines lui renvoient (elle ne peint pas des identités ou des parcours qui ne font pas partie directement de sa vie), et ce afin d’éviter les travers exotisants qu’ont parfois certaines démarches artistiques.

Apéro-concert

Jeudi 20 octobre à 20h au J’en Suis J’y Reste

Lancement du festival : apéro-concert avec le groupe rhône-alpien de hiphop TransPédéGouine « Vices et Râlements Déviants ».

Et non, mon modèle à moi c’est pas madonna J’claque pas toutes mes thunes au marais Stonewall, t’sais quoi, c’était des émeutes, pas une série tv ! En 69, contre les flics, les dragqueens vénères T’as vu c’qu’elles ont réussi à faire Elles les ont mis à l’amende sévère !

J’préfère exploser la binarité plutôt que d’être intégré Parce que j’peux pas oublier que quand t’es trans, T’as deux fois plus de risques d’te faire buter

Gouines rouges et front homosexuel d’action révolutionnaire, C’est eux nos grands-mères Ma famille n’est pas nucléaire Elle porte paillettes, talons hauts et revolver

Vices et Râlements Déviants

Participation à prix libre.

Femmes trans en prison

Vendredi 21 octobre à 20h au J’en Suis J’y Reste

Présentation d’une brochure publiée récemment en français, où figurent des témoignages de femmes trans incarcérées ou ayant été incarcérées, ainsi que des textes relatant et analysant la situation des femmes trans incarcérées, les liens avec la justice, les responsabilités des activistes, etc…

Projection d’un film documentaire (60min – anglais sous-titré français) analysant la situation des femmes trans incarcérées aux USA…

Soirée proposée par le collectif MTF (Misandres Terroristes Féministes).

Atelier slam

Jeudi 27 octobre de 15h à 18h au J’en Suis J’y Reste

Ils en parlent de nous. De la grande théorie à la mauvaise blague, chacun y va de son avis. Mais nous, nous de l’intérieur, qu’est-ce qu’on en dit ? Anecdotes, positions, vécus, qu’est-ce qui se passe quand des féministes se mettent à se raconter elles-mêmes ? Qu’est-ce qui se passe quand on l’ouvre ?

Atelier d’initiation au slam en non-mixité féministe.

Pink washing : racisme sauce LGBTF

Soirée projection-discussion : Autour de l’Instrumentalisation des causes LGBTF et de la légitimation des discours racistes. Vendredi 28 octobre à 19h30 au J’en Suis J’y Reste

Projection du film « PINK CAMOUFLAGE », documentaire de Sarah Bracke (2009 – vostf)

Les « droits des homos », comme les « droits des femmes » sont souvent présentés en étendard du fameux « conflit des civilisations » : ces droits seraient des acquis en Occident, menacés par l’Islam et donc logiquement à défendre et à imposer partout dans le monde. On en arrive même à utiliser cet argumentaire raciste pour justifier et légitimer des guerres néo-colonialistes.

A contre-courant des discours ambiants, entre Liban et Belgique, des activistes homos parlent, et donnent leur vision sur la relation entre guerres, politique et sexualité. Illes abordent aussi le fait que les identités LGBT se construisent différemment à travers le monde et montrent donc la complexité de la solidarité internationale.

La projection sera suivie d’une discussion avec présence de membres des Lesbiennes of Color (Sous réserve). Les LOC’s sont un groupe politique militant non-mixte rassemblant des lesbiennes racisées luttant dans une perspective féministe, antiraciste, anticapitaliste et solidaire.

Participation à prix libre.

Soirée « Nos Mots »

Samedi 29 octobre à 20h30 au J’en Suis J’y Reste

Scène ouverte de slam suivie de la présentation de quelques ouvrages sortis en autoédition :

S’lame de fond

Éclats de voix

Pas tout à fait des hommes

Une autobiographie transsexuelle (avec des vampires)

DÉDICACE

Aux âmes mutilées, mutines, aux mutantEs du système qui démilitarisent, déminent ce monde même à mi-temps, éliminent le manteau élimé de nos pères, MotivéEs malgré le marteau qui frappe, démonte, craque le crâne. Aux mélanges matinaux qui travestissent les genres à la lueur de l’aube. Aux allées et venues de l’amitié, Aux aléas de la vie qu’on ne dit qu’à demi-mots. A la pointe d’humour qui persiste et signe, Aux miettes d’espoir de notre pain de colère. Aux muettes que guettent des tumeurs malignes. Aux lâche-riens qui se chérissent au creux des reins, quand même, envers et contre tous, qui contournent les réacs, rage au poing, du tac-o-tac les lattent, arborent les carreaux de leurs chemises. Aux camionneuses, butchs, bikeuses qui sabotent la virilité à grands coups de tronçonneuse. Aux panthères à talons qui enterrent avec talent de médiocres misos, se battent becs et ongles vernis. Aux reines du bordel. Aux fems qui mordent, que jamais on aborde et qui sabordent les machos. Aux héroïnes anonymes, sorcières modernes, fières égoïstes et solidaires, ayant chassé la peur et la soumission de leur tanière. Aux amantes alitées, loin d’leur sale mentalité. A celles qui débordent, hors normes, trop grandes, trop larges, qui dérangent les gens, les genres. A ceux qui ont fini par faire avaler son divan au psy. A celles qui dégomment à la kalach’ ceux qui les appellent Monsieur. Aux millions de folles alliées, de trublions, de ta voisine de palier aux femmes en prison… A celles qui slamment, rappent, content, quand d’autres s’ la racontent. A la rébellion, à la rage de vivre, à la force qu’on tire de la lutte… Aux mots qui nous délivrent…

Audrey et Caillou

Participation à prix libre

Soirée concert et boum

Lundi 31 octobre à 21h au Centre Culturel Libertaire

Avec le groupe « Grâce et Volupté Van Van » (gouinasserie pipilectro cacapunk de Toulouse), des surprises scéniques et une boum.

Grace et Volupté sont soeurs de sang, fruits de la passion de leur mère avec un tube séminal. Elles se jouent de l’inceste depuis leur plus tendre enfance. Après une querelle violente dans l’enceinte de maxizoo, à propos d’une marque de croquettes pour leur chienne, Grace et Volupté décident de monter un groupe. Ce groupe aidera-t-il leur chienne à mieux grandir au sein d’un foyer calme et paisible ? Que nenni, Volupté utilise les concerts pour faire du ranarana avec les gouines du coin. Grace ne le supporte pas, elle qui souhaite ardemment se faire prendre comme une salope dans les toilettes du Clandé. Mais Grace est une butch. Malgré elle. Elle sombre alors dans l’alcoolisme. Mais son énergie sur scène n’a d’égal que sa dépression. Volupté, quant à elle, pense être la fille de Lemmy de Motorhead, étant donné sa ressemblance évidente avec ce fameux chanteur de variétés. Désormais légendaires, leurs concerts ratés, leurs performances digne de la nouvelle star, leurs costumes leaderprice et leurs beautés toutes personnelles vont vous faire mouiller du nez.

Grâce et Volupté Van Van

http://www.myspace.com/gracevolupte…

Participation à prix libre.

« Se dire lesbienne »

Dans le cadre des soirées conviviales non-mixte entre lesbiennes et femmes (trans et cis). Vendredi 4 novembre à 19h au J’en Suis J’y Reste

Rencontre avec Natacha Chetcuti autour de son livre : « Se dire lesbienne. Vie de couple, sexualité, représentation de soi » aux éditions Payot Rivages.

Ce livre est un des rares à s’attacher aux constructions sociales lesbiennes, sujet qui préoccupe très peu la sociologie française. Natacha Chetcuti s’y intéresse aux parcours et aux pratiques de lesbiennes qu’elle a rencontrées durant 5 années d’enquête. Elle décrit notamment trois parcours qui mènent à la construction de soi comme lesbienne et s’intéresse au coming out, nous apprenant notamment que la mise en couple est une des manière privilégiée de se dire et de se révéler socialement lesbienne.

Tout ceci et d’autres choses encore autour desquelles on échangera avec Natacha Chetcuti dans une perspective féministe et située.

Natacha Chetcuti est féministe. Elle est aussi sociologue, docteur en anthropologie sociale (EHESS), chercheur à l’INSERM dans l’équipe «  Genre, santé sexuelle et reproductive », enseigne à l’Ecole normale sociale de Paris et à l’université Paris 1 Panthéon Sorbonne.

Le privilège cissexuel

Lancement de la campagne « Start Cis Pathologization » Samedi 5 novembre à 18h au J’en Suis J’y Reste

Le collectif MTF (Misandres Terroristes Féministes) organise une discussion sur le privilège cissexuel, en se basant notamment sur le chapitre 8 du livre Whipping Girl de Julia Serano.

Dans ce chapitre, elle s’attarde sur les privilèges cissexuels ainsi que sur les mécanismes que les personnes cissexuelles mettent en place pour justifier et maintenir leurs privilèges. L’idée est de mettre en lumière un statut opprimant (en l’occurence, le statut cis), pour l’étudier et en comprendre les fonctionnements. Ce qui permet, pour une fois, de ne pas placer les personnes transsexuelles comme objets d’étude, mais à l’inverse de mettre les personnes cissexuelles et leurs comportements sous la loupe d’une analyse matérialiste visant à questionner la norme.

Lors de cette rencontre sera présentée une nouvelle brochure reprenant ce chapitre, pour la première fois traduit en français.

Soirée cocktail

Samedi 5 novembre à 21h au J’en Suis J’y Reste

Comme tous les premiers samedi du mois, retrouvez la soirée cocktail des Flamands Roses.

En ouverture, Projection de « Chako Paul », court-métrage suédois, 28 minutes.

Beata Brattstörm, journaliste pour « Gay Travels » et la camerawoman Magda Andersson partent à la découverte de Chako Paul City, le village lesbien mythique qui se situerait dans le Nord de la Suède..

Réalisé avec et par Anna Bjereld, Anna Björn, Alex Snäckerström, Emelia Claesson, Ida Carlson, Linda Fahl, Lasse Längström, Clara Friden, Dylan Sandgren, Lisa Sharr, Leo Palmestal.

Atelier Drague entre gouines

Dimanche 6 novembre à 15h au J’en Suis J’y Reste

« Elle est en train de me draguer ou c’est moi qui me fais des idées ? »

« Oh là là, comment est-ce que je pourrais l’aborder ? »

Repas séro-solidaire

Samedi 12 novembre à 19h au J’en Suis J’y Reste

La sérophobie de notre société provoque l’isolement, casse les luttes et atomise les individus, les empêchant ainsi de se construire eux-mêmes et de construire ensemble. Nous organisons donc des repas séro-solidaires pour échanger et se retrouver. La dégustation et la parole sont d’excellents remèdes collectifs et roboratifs. Bon appétit et à votre santé !

Réservation indispensable (25 convives) : écrire à lesflamandsroses@yahoo.fr ou téléphoner au 03 20 52 28 68.

Retrouvez les Flamands Roses au Centre LGBTQIF J’en Suis J’y Reste, 19 rue de Condé :

Tous les mercredis, accueil à 18h30 puis AG à 20h

Tous les premier samedis du mois à 21h pour une soirée Cocktail

Sur Radio Campus 106,6 FeM, de 21h à 22h tous les dimanches

http://lesflamandsroses.org / lesflamandsroses@yahoo.fr